Canada + Quebec Student / Emerging Artist Exhibit
Située dans le Quartier des spectacles à Montréal, en plein cœur d’une vie universitaire et culturelle effervescente, l’École supérieure de théâtre de l’UQAM est un lieu reconnu de formation, de recherche et de création en théâtre au Québec et au Canada. Plusieurs programmes de premier cycle et de cycles supérieurs y sont offerts.
L’École supérieure de théâtre de l’UQAM est un lieu de recherche-création qui forme des étudiant.e.s dans plusieurs domaines des arts vivants. Son programme de scénographie offre l’opportunité de se spécialiser dans la réflexion et la réalisation de projets interdisciplinaires. Les cours spécialisés en conception d’éclairage, de son, de marionnettes, de costume, de décor, de nouveaux médias, de direction de production et technique permettent aux étudiant.e.s d’avoir une vision d’ensemble et d’acquérir des compétences polyvalentes dans le domaine des arts. Ce programme de baccalauréat se concrétise à la troisième année, lorsque les concentrations de jeu, d’études théâtrales et de scénographie travaillent ensemble pour créer quatre productions théâtrales au sein de l’UQAM et dans un lieu de diffusion comme Les Écuries. Le programme offre ainsi plusieurs opportunités pour l’expérimentation artistique et l’intégration au monde professionnel.
Un groupe d’étudiant.e.s de première et deuxième année du programme de scénographie de l’École supérieure de théâtre (EST) de l’UQAM s’est rassemblé pour participer à la conception de l’installation canadienne de la Quadriennale de Prague 2023. Il est composé de personnes qui partagent un intérêt pour les arts vivants et son langage visuel.
Le programme de scénographie de l’EST regroupe des individus provenant de différents milieux avec des intérêts variés autour de l’éclairage de scène, de la création sonore, de la vidéo, du décor et du costume. En effet, certain.e.s ont un bagage universitaire en sciences humaines et d’autres ont fait des études en France. Les participant.e.s ont ainsi été amenés à rassembler et partager leurs connaissances et leurs sensibilités pour créer ce projet qui traite d’enjeux qui les touchent. Cette pluralité a été fort stimulante, puisqu’elle a permis d’enrichir la discussion lors de la phase d’élaboration conceptuelle du projet. De plus, cette collaboration foisonnante a aussi permis de resserrer les liens entre les deux cohortes, dans le but de créer une communauté d’artistes qui va au-delà de la formation universitaire.
Le thème de la Quadriennale et plus spécifiquement celui de l’installation canadienne Eaux troubles a tout de suite interpellé les étudiant.e.s de l’EST. La notion de rareté liée à celle de l’eau a rejoint le besoin des étudiant.e.s de s’engager à conscientiser la communauté internationale aux enjeux environnementaux et sociaux qui les inquiètent. En effet, l’eau est à la fois une substance omniprésente, mythique et un rappel de l’urgence de la crise climatique et des inégalités sociales dans le monde, mais aussi au Canada.
Tout d’abord, l’eau est un symbole de vie et d’abondance qui nous a été présenté par les générations antérieures comme une ressource impérissable. Autrement dit, son ubiquité contribue à la création et au maintien de plusieurs formes de vie sur terre depuis des siècles et des siècles, ce qui nous laisse croire qu’il s’agit d’une ressource infinie. L’eau a d’ailleurs longtemps représenté un emblème de l’indépendance et de la richesse du Québec depuis la nationalisation de l’électricité en 1944. La construction de barrages hydrauliques a à jamais marqué le territoire et la mémoire québécoise.
Ensuite, à l’ère de l’éco-anxiété, la place de l’humain dans son environnement n’a plus la même signification aujourd’hui. L’eau nous apparaît davantage comme une denrée rare, à la suite de la prise de conscience des problèmes de pollution et de changements climatiques qui sont causés, entre autres, par sa consommation irrespectueuse. L’industrie de la mode, par exemple, utilise des quantités phénoménales d’eau pour produire des vêtements et des accessoires que l’on consomme de manière excessive.
Un autre enjeu qui a marqué les étudiant.e.s est celui de l’inégalité de l’accès à l’eau. Durant les dernières années, plusieurs articles ont démontré qu’au Canada, plusieurs communauté issues des réserves des nations autochtones n’avaient toujours pas accès à l’eau potable. Cette situation met en évidence les inégalités systémiques qui existent au Canada. La pollution engendrée par le gaspillage et ce manque de respect peut paraître lointain et abstrait, pourtant, il a un impact concret sur la santé de l’environnement des individus, du Canada et du monde.
En 2023, l’eau peut être considérée comme un symbole complexe; il continue à la fois d’être un élément générateur de vie et une source de responsabilité, voire d’impuissance, pour les humains. Cette coexistence de significations a donc poussé les étudiant.e.s à remettre en question la place de l’homme dans le monde qui doit maintenant faire face aux conséquences de ses actions et de ceux qui l’ont précédés.
Names of participating students:
Éliane Cordeau, Charlotte Maréchal, Marthe Seppey, Émilie Hamel, Nathan Vialleton, Loïc Vaillancourt, Joshua Abud-Auguste, Nancy Myette, Luna Bedel, Zoey Jaffrès, Elza Blais, and Manon Peguillou
Names of School Supervisors: Claire Renaud, Anick Telier and Hugo Dalphond
Participating Artists
Suspensions/Figurines
Notre thème est la rareté, particulièrement la rareté de l’eau. L’eau est présente partout, chaque liquide, quelle que soit sa forme, est à base d’eau. L’eau est partout, mais pas en quantité égale. Au Canada, l’accès à l’eau n’est pas un problème, ce qui nous place en situation avantageuse. Notre suspension joue sur cela. Un sac de perfusion rempli d’eau se vide lentement sur un visage en détresse. Un visage calme baigne dans le sac de perfusion, dans une eau propre qui lui apporte un cadre sécuritaire. L’image médicale qu’on donne à l’eau contraste bien avec la seconde partie de notre suspension : la douleur et les conséquences. Même si la répartition naturelle et inéquitable de l’eau n’est pas notre faute, l’utilisation qu’on en fait et la manière dont on la gère et la partage a des conséquences sur d’autres pays.
Le sac de perfusion se vide goutte à goutte sur un visage quasi asphyxié dans un sac de plastique bon marche, une image inspirée de la torture de la goutte. Cette technique de torture consiste à faire continuellement tomber des gouttes d’eau au milieu du front de la victime. Le manque de sommeil et la répétition usent de sa résistance. Il en résulte une altération psychologique de la victime, qui finit par devenir folle. Cette image d’eau mal utilisée est en plein le message que nous voulons faire passer. Le visage le plus haut a les yeux fermés. Le tuyau qui déverse une infime partie de sa réserve d’eau au second visage soulage sa conscience quant au partage des ressources, mais ce n’est clairement pas un système efficace. N’ayant pas de soucis à se faire pour son propre accès à l’eau, le premier visage ne voit pas celui qui souffre plus bas.
Notre suspension est donc constituée de 2 éléments qui se répondent. D’un côté nous avons un sac de perfusion de 4”x8” rempli d’eau ainsi que d’un masque en pâte fimo. De l’autre côté, nous avons un masque similaire de dimension égale, mais cette fois, à l’intérieur d’un sac plastique vide. Nous envisageons d'utiliser des tuyaux de pvc, du fil de pêche ainsi que de la résine d’époxy pour “le système de la goutte”. En vue de rendre notre démarche plus verte, nous sommes ouvert.e.s à ce que les matériaux de notre suspension changent en fonction d’objets ou de matériaux usagés trouvés.
À force d’exploiter la terre grâce à leur puissance technologique, les humains courent tout droit vers une grande leçon d’humilité. Effectivement, à partir du moment où une ressource devient rare, sa nécessité devient évidente et des rapports d’inégalités s’installent. À travers notre suspension ainsi que notre costume pour le défilé nous avons voulu expliciter l’idée de l’eau comme étant à la fois un luxe et une menace. Pour nos figurines, nous voulons continuer dans cette même lignée en imageant les rapports inégaux dans l’accès aux ressources favorisants toujours les mieux nantis. Pour illustrer cette idée nous pensons utiliser certains codes BDSM pour faire un parallèle avec le jeu mais aussi avec le rapport dominant dominé. Nous prévoyons donc faire deux figurines qui se répondent et qui sont liées si cela est envisageable. Notre première figurine sera d’une personne en habit de plage portant une bouée de baignade colorée. Notre deuxième sera en habit de latex et portera un masque respiratoire. Le masque sera lié à la bouée du premier personnage donnant l’impression d’être la source d’air de celle-ci.
Parade
La production de plastique nécessite une grande quantité de ressources naturelles non renouvelables. L’utilisation généralisée du plastique a conduit à une augmentation de la production de déchets et à polluer nos océans de manière significative.
C’est pour ces raisons que la matière du plastique nous inspire beaucoup pour cette conception. Nous utiliserons des matériaux trouvés et recyclés qui influenceront le résultat final.
Nous aimons aussi l’idée d’intégrer des codes de la haute couture considérant qu’un des grands moteurs de la surconsommation sont les prescriptions sociales imposées par l’industrie de la mode et de la beauté.
Le costume prendra donc la forme d’un habit fashion composé de sacs en plastiques de tout genre. Ces éléments plastique seront assemblés d’une manière stylisé inspiré du patchwork, du layering ainsi que du matelassé. La partie inférieure du costume pourrait être une jupe ou un pantalon. Le costume pourrait également inclure des accessoires tels qu’un sac à main, un chapeau ou des bijoux en plastique recyclé pour évoquer à la fois la richesse et les déchets; la face cachée de cette industrie nocive.
Selected Work
maquette de décor: Loïc Vaillancourt, Manon Peguillou, Philaé HB | éclairage: Joshua Abud August, Maika Paul son: Marthe Seppy, Nathan Vialleton-Ratio costume: Luna Bedel, Nancy Miette, Eliane Cordeau décor: Mikel Ibarrola, Mathilde Rousseau, Charlotte Maréchal Photo: Patrice Tremblay | éclairage: Zoey Jaffres, Elza Blais son: Émilie Hamel, Arnaud St-Pierre costume: Marie-Mai Heins, Ophélie Boismenu décor: Loïc Vaillancourt, Manon Peguillou, Philaé HB photo: Patrice Tremblay | conception costume: Marie-Mai Heins, Ophélie Boismenu Avec Zoey Jaffrès et Arnaud St-Pierre | conception costume: Marie-Mai Heins, Ophélie Boismenu |
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